La situation des femmes progresse nettement en Occident depuis une soixantaine d’années, même si beaucoup de chemin reste à faire. Mais il n’en est pas de même dans les pays en voie de développement.
Pas facile de vivre dans un monde dominé par les hommes … Les filles et les femmes, la moitié de l’humanité actuelle, 4 milliards d’êtres humains, vivent depuis la nuit des temps dans des sociétés patriarcales. Dans l’histoire, l’homme a toujours exercé le pouvoir - à quelques exceptions près - à tous les niveaux, aussi bien dans la sphère publique que privée, même si la situation a nettement bougé depuis une soixantaine d’années.
Dans l’histoire, l’homme a toujours exercé le pouvoir - à quelques exceptions près - à tous les niveaux, aussi bien dans la sphère publique que privée, même si la situation a nettement bougé depuis une soixantaine d’années.
Mais 60 ans, c’est bien peu face à 5000 ans de joies souvent, mais aussi d’obéissance, voire de soumission, d’humiliation, d’abus, d’exploitation, d’agression, de viol, de meurtre, … Certes, de nombreuses femmes s’épanouissent dans leurs vies au foyer, dans leurs vies de couples, dans l’éducation de leurs enfants, mais beaucoup d’autres veulent développer pleinement leurs capacités, en ne se consacrant pas uniquement à leurs familles. Le combat pour l’égalité de leurs droits avec les hommes continue, mais il est difficile, tant les mœurs, les traditions et les normes religieuses pèsent lourdement pour le maintien du patriarcat.
La lutte est permanente, des faits récents nous le montrent. En 2017, le mouvement américain #MeToo visant à la prise de parole des femmes contre le viol et les agressions sexuelles a essaimé à travers le monde. Il a conduit à la condamnation en 2020 d’Harvey Weinstein, un ex-producteur de cinéma très puissant, à 23 ans de prison. Il avait été accusé de harcèlement ou d’agressions sexuelles par près de 90 femmes. Ce mouvement a atteint la France avec retard, en ce début d’année 2021, une vague d’hommes influents ayant été accusés d’agressions sexuelles à l’encontre de femmes, qui sont sorties de l’anonymat, avec les risques de réprobation publique que cela entraîne.
Autre fait récent, l’annonce le 2 février dernier par le ministre de la justice que 90 femmes avaient été tuées par leurs conjoints ou ex-conjoints en 2020 dans l’Hexagone. Pas moins de 200 000 femmes par an subissent des violences sur notre propre territoire. Mais, comme quoi un combat n’est jamais gagné, le président de la Turquie Erdogan a fait savoir le 20 mars que son pays quittait la Convention d’Istanbul du Conseil de l’Europe, qui obligeait les gouvernements à mettre en place une législation réprimant entre autres la violence domestique, le viol conjugal et la mutilation génitale féminine. Décision inquiétante alors que les féminicides ( le meurtre des femmes) sont courants dans l’ancien Empire ottoman.
Le président de la Turquie Erdogan a fait savoir le 20 mars que son pays quittait la Convention d’Istanbul du Conseil de l’Europe, qui obligeait les gouvernements à mettre en place une législation réprimant entre autres la violence domestique, le viol conjugal et la mutilation génitale féminine.
De nets progrès en Occident
De nets progrès en matière d’égalité ont cependant été réalisés depuis le début des années 60, portés par le mouvement des droits civiques aux Etats-Unis (législation pour des salaires égaux, sur la non-discrimination des femmes, … ). Avec en France, le droit des femmes de travailler sans le consentement de leur mari en 1965 ; et les décisions juridiques concernant les enfants, alors uniquement dévolues au père, disparaissant en 1970. Des associations féministes plus radicales ont eu un rôle déterminant comme la création du Women’s liberation movement en Amérique dans les années 60 et le MLF en France en 1970. Des textes majeurs ont été votés à cette époque dans l’Hexagone, comme la loi Neuwirth (1967) légalisant la contraception, et la loi Veil (1974) autorisant le droit à l’avortement. Puis est venue notamment la loi sur les quotas obligatoires de femmes pour les mandats électoraux (2000), la loi relative aux violences faites spécifiquement aux femmes (2010). Les femmes ont désormais plus de place dans le domaine politique et économique, même si beaucoup de progrès reste à faire.
Même si les avancées sont récentes, elles ont tout de même le mérite d’exister, car la situation contraste fortement avec le statut inférieur dévolu aux femmes avant les années 60. Des améliorations sensibles avaient certes été réalisées avec le droit à l’éducation dans la deuxième moitié du 19ème siècle en France, même si le droit de vote a seulement été reconnu en 1944 ...
La Révolution française a certes été à l’origine de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen (1789), mais la publication par Olympe de Gouges de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne (1791) n’a pas été suivi d’effet. Cette féministe d’avant-garde a même été guillotinée en 1793 ! Fait notable, le droit au divorce a été voté en 1792, mais était plus favorable au mari ! Le Code civil de Napoléon en 1804 restreint drastiquement ses possibilités. En 1816, il est carrément abrogé par la Restauration, comme « poison révolutionnaire », pour être rétabli seulement en 1884.
Le reste de l’histoire n’a pas été favorables aux femmes, à part notamment le règne de quelques rares monarques. L’Egypte ancienne, la Grèce antique, l’Empire romain, le Moyen Age, la Renaissance, les Temps Modernes, n’ont pas donné de place véritable au « Deuxième Sexe » , comme Simone de Beauvoir titrera son livre en 1949, dans un ouvrage de 1000 pages qui a été une véritable bombe et a causé une grande indignation dans les milieux traditionnels . Des périodes particulièrement cruelles ont perduré longtemps : en Chine, la coutume des pieds bandés, qui consistait à réunir le talon des femmes à leurs orteils, pour les faire les plus petits possibles à des « fins érotiques », a duré 1000 ans, du 10ème au 20ème siècle. En Europe, des années 1400 jusqu’au 17ème siècle, durant la période dite de la « Chasse aux sorcières », de nombreuses femmes ont été brûlées vives pour des supposés faits de sorcellerie. Selon l’Eglise, les femmes, par nature « faibles », étaient plus sensibles au démon !
L’Egypte ancienne, la Grèce antique, l’Empire romain, le Moyen Age, la Renaissance, les Temps Modernes, n’ont pas donné de place véritable au « Deuxième Sexe » , comme Simone de Beauvoir titrera son livre en 1949.
Mais il ne faut pas croire que cette période noire a disparu. Si les femmes en Occident ont vu récemment leur situation s’améliorer sensiblement, celles vivant dans les pays en voie de développement ont encore souvent un statut très inférieur à celui des hommes, notamment en Afrique, au Moyen-Orient ou en Asie, même si des progrès ont eu lieu, ça et là. La liste des abus est saisissante : absence de scolarisation ; interdiction de se déplacer ; travaux domestiques, qui virent à l’esclavagisme ; violences contre les femmes ; viols en temps de guerre ; mariages forcés ; port du voile intégral ; crimes d’honneur ( meurtre d’une femme perpétré en réaction à un comportement perçu comme ayant apporté le déshonneur à la famille) ; mutilations sexuelles ; interdiction d’avorter ; infanticides ( pour les filles nouvelles-nées, considérées comme des bouches inutiles) ; traite des femmes ; prostitution ; …
Si les femmes en Occident ont vu récemment leur situation s’améliorer sensiblement, celles vivant dans les pays en voie de développement ont encore souvent un statut très inférieur à celui des hommes.
La mutilation génitale des femmes
Un éclairage particulier peut être fait sur une violence particulièrement barbare, celle de la mutilation génitale pratiquée généralement sur des jeunes filles entre l’enfance et l’adolescence, essentiellement dans l’Afrique subsaharienne et dans l’Afrique de l’Est ( Égypte, Éthiopie, Soudan, Somalie). Mais aussi sur certaines de ces jeunes filles qui se retrouvent dans les pays occidentaux, du fait de l’immigration de leurs familles. Elle peut entraîner des graves problèmes de santé, voire la mort : douleurs violentes, hémorragies, problèmes urinaires, kystes, infections, complications lors de l’accouchement, décès du nouveau-né, états de choc. Elles sont pratiquées avec un couteau ou avec une lame, avec ou sans anesthésie …
Cette pratique est réalisée au nom des conventions sociales. Le but de la mutilation est de réduire la libido féminine, ce qui assurerait la virginité prénuptiale et aiderait les femmes à résister aux actes sexuels extraconjugaux. « On estime que plus de 200 millions de jeunes filles et de femmes, toujours en vie, ont été victimes de mutilations sexuelles pratiquées dans 30 pays africains, du Moyen Orient ou de l’Asie où ces pratiques sont concentrées », explique l’Organisation mondiale de la Santé (3 février 2020).
Autre traitement cruel le mariage forcé imposé aux femmes, qui se pratique au Maghreb, en Afrique subsaharienn
e, au Moyen Orient, en Turquie, en Russie, en Asie du Sud-Est et dans le sous-continent indien (notamment en Inde, au Pakistan et au Bangladesh). Les conséquences sont souvent désastreuses : domination, humiliation, violences conjugales, grossesses non désirées, perte d’autonomie, séquestration, déscolarisation, … Les raisons du mariage forcé sont multiples : pour les familles pauvres, trouver un conjoint d’une famille plus riche ; pour les fa
milles plus aisées, augmenter leurs patrimoines ; ou pour certaines castes en Inde, préserver les coutumes.
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