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Conditions de travail


MONDE


Les conditions de travail restent parfois révoltantes et se dégradent dans certains secteurs


Le travail est un droit fondamental, puisqu’il permet à l’être humain de subvenir à ses besoins vitaux. Mais, sur la planète, il est souvent difficile de travailler dans des conditions décentes. Une situation particulièrement criante dans les pays pauvres, mais aussi dans les plus riches. Ces 150 dernières années, après des siècles de traitement souvent inhumain, des grandes avancées ont certes eu lieu, mais on est loin du compte. Et les dernières évolutions ne vont pas forcément dans le bon sens.


Le travail, c’est la santé ! Allez dire d’abord cela aux 160 millions d’enfants de par le monde qui chaque jour peinent, non pas à l’école, mais dans des décharges à ciel ouvert, des champs caniculaires, des mines insalubres, des usines assourdissantes, des fabriques de textile à l’odeur pestilentielle, des appartements discrets où ils sont utilisés comme domestiques à tout faire, quand ils ne sont pas soumis à la prostitution, …


Les auteurs d’un rapport conjoint ( 9 juin 2021) de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) et du Fonds des Nations Unies pour l’enfance ( UNICEF), donnant des estimations mondiales sur le travail des enfants pour 2020, viennent de lancer un cri d’alarme. « Pour la première fois que nous avons commencé à produire ces estimations, il y a 20 ans, la lutte mondiale contre le travail des enfants est au point mort. En outre, si on ne prend pas d’urgence des mesures d’atténuation, des millions d’autres enfants risquent d’être contraints à travailler à cause de la crise de la Covid-19, du fait de l’aggravation de la pauvreté ».



« Pour la première fois que nous avons commencé à produire ces estimations, il y a 20 ans, la lutte mondiale contre le travail des enfants est au point mort.

Depuis 2016 en effet, le nombre d’enfants astreints au travail a augmenté de 5% à 160 millions, dont la moitié effectuent des activités dangereuses. L’Afrique subsaharienne est en première ligne, avec près de 90 millions d’enfants qui travaillent. Suivent l’Asie centrale et du Sud (26 millions d’enfants), et l’Asie de l’Est et du Sud-Est (24 millions). Surprise, l’Europe et l’Amérique du Nord font encore travailler à marche forcée 4 millions d’enfants.


L’esclavage moderne


Autre pratique barbare, l’esclavage moderne, le travail dans la totale soumission. Toujours selon l’OIT (17 mars 2021), « plus de 25 millions de femmes, d’hommes et d’enfants vivent dans des situations d’esclavage moderne ». Une situation que l’on retrouve surtout en Asie du Sud, de l’Est, et en Afrique, mais aussi en Occident. Les formes de l’esclavage peuvent être variées : la prostitution ; les camps de travail forcé, notamment en Chine et en Russie ; les femmes mariées de force ; le travail des enfants ; les enfants-soldats, …


Certes, nous sommes très loin des temps anciens où l’esclavage était considéré comme un état tout à fait normal, où l’esclave était quasiment considéré comme un bien matériel, par exemple sous la Grèce antique ou sous l’Empire romain.


Certes, nous sommes très loin des temps anciens où l’esclavage était considéré comme un état tout à fait normal, où l’esclave était quasiment considéré comme un bien matériel, par exemple sous la Grèce antique ou sous l’Empire romain.

Dans des périodes plus récentes, les noirs d’Afrique transportés de force aux Amériques, étaient assimilés à des biens meubles, comme le décrit le Code noir édicté par Louis XIV (1685). Quoi de plus naturel que les esclaves soient généralement traités de façon inhumaine, leurs maîtres en faisant ce qu’ils voulaient : coups, marquages au fer rouge, mutilations, castrations, viols, tortures, peines de mort … L’abolition de cette situation abjecte est somme toute relativement récente, datant de 1833 en Angleterre, de 1848 en France et de 1865 aux États-Unis. Mais elle perdure, nous l’avons vu.

Nous sommes aussi aujourd’hui très loin du servage, qui désigne, à partir du Moyen Age, la condition des paysans (pendant environ 1000 ans en France), littéralement attachés à la terre de leurs seigneurs, qu’ils cultivaient et ne pouvaient quitter. Les serfs étaient alors « taillables et corvéables à merci », corvéables pour des journées non rémunérées dues à leur maître, dont le nombre était fixé de façon despotique, puis taillables par des impôts tout aussi arbitraires.


Les grandes lois sociales


La Révolution industrielle, commencée vers 1770 en Angleterre, et répandue rapidement en Europe et aux États-Unis, avec la mécanisation progressive et massive des moyens de production dans le textile, les mines, la sidérurgie, la métallurgie … a été infâme pour les ouvriers à ses débuts, jusqu’en 1850 environ. Imaginez qu’il a fallu attendre 1833 pour que le travail des enfants de moins de 9 ans soit interdit au Royaume-Uni, et limité à 69 heures par semaine pour les 12-18 ans.


Imaginez qu’il a fallu attendre 1833 pour que le travail des enfants de moins de 9 ans soit interdit au Royaume-Uni, et limité à 69 heures par semaine pour les 12-18 ans.

Les premières grandes lois sociales ne sont apparues qu’à la fin du 19ème siècle : en France, la grève est autorisée en 1864 ; l’assurance-maladie et une loi sur les accidents de travail voient le jour en Allemagne en 1883-1884 ; la loi Waldeck-Rousseau autorise la création de syndicats dans l’Hexagone en 1884 ; il faut attendre 1906 pour que le repos hebdomadaire soit instauré en France ; l’OIT adopte en 1919 une convention limitant la journée à 8 heures et la semaine à 48 heures ; les ouvriers de la période du Front Populaire obtiennent en 1936, après une grève générale, la semaine de 40 heures et les congés payés. Mais rien n’est jamais gagné, même en cette période, la première chaîne de montage automobile, avec ses cadences infernales et sa déshumanisation, est mis au point en 1913 par Henry Ford, pour essaimer ensuite dans toute l’industrie. « Les Temps modernes », un des plus grands films de Charlie Chaplin (1936), une satire sans concession du réalisateur et de l’acteur contre le travail à la chaîne, marque encore les esprits.


La montée du chômage


On pourrait croire ces conditions de travail détestables bel et bien finies, mais ce n’est malheureusement pas le cas. Certes, nous ne sommes plus sous l’Antiquité, sous le Moyen Age ou sous la Révolution industrielle triomphante, mais les ouvriers et les employés, sans compter les classes moyennes et les cadres, sont encore souvent mis à rude épreuve. Le chômage permanent et massif est passé par là, après la crise pétrolière de 1973, avec la multiplication par 4 du prix de l’or noir, et les cohortes


de chômeurs n’ont cessé d’augmenter depuis à travers le monde. Au premier trimestre 2021, la France compte par exemple 3,8 millions de demandeurs d’emplois, et 6 millions de personnes en activité réduite. La crise économique liée à la Covid-19 a annulé totalement 5 ans de baisse du chômage.


Sans compter que ces dernières années, la précarité de l’emploi augmente, la part des contrats à durée déterminée, d’intérimaires et d’apprentis dans l’emploi total a repris sa progression, passant de 12,1% en 2014 à 13,5% en 2018, selon l’Observatoire des inégalités (5 décembre 2019), ce qui fait tout de même 3,7 millions de personnes vulnérables. Cette France de l’insécurité sociale, celle des employés et des ouvriers peu ou non qualifiés, des indépendants ( du bas de l’échelle) a animé une grande part des manifestations des « Gilets jaunes » démarrées en novembre 2018. Ils ont un sentiment de mépris social, favorisant la montée de l’extrême-droite.



Cette France de l’insécurité sociale, celle des employés et des ouvriers peu ou non qualifiés, des indépendants ( du bas de l’échelle) a animé une grande part des manifestations des « Gilets jaunes » démarrées en novembre 2018.

Les risques psychosociaux


Du coup, toutes les catégories de travailleurs s’inquiètent de perdre leurs emplois, et ne ménagent pas leurs peines pour faire des efforts supplémentaires pour garder leurs postes. D’où l’acceptation de l’intensification des tâches, les nombreux accidents de travail, l’augmentation du stress, l’apparition de pathologies comme le « burnout » (syndrome d’épuisement professionnel) ou même, dans des cas extrêmes, les suicides liés au travail. Même le monde ouvrier, bien qu’en déclin avec la montée des secteurs des services, reste soumis à des conditions difficiles. Le machinisme accru, l‘informatisation, la robotisation, ne sont pas toujours synonymes d’allègements des tâches, le travailleur se devant sans cesse de surveiller des normes et procédures. Et les professions indépendantes ont souvent des horaires à rallonge.


Exemples récents : Renault et son usine de Cléon en Seine-Maritime ont été condamnés à 300 000 euros d’amende pour homicide involontaire (« lemonde.fr » du 31 mai 2021). Le décès d’un des employés de l’usine a été dû à un manque de formation, à la pression subie par les salariés, « faire toujours plus avec moins de monde », explique un membre de la CGT.

En Espagne, dans la province de Huelva, au sud du pays, dans le secteur des fraises, surnommé « l’or rouge » ( « euronews » du 17 juillet 2020), « de nombreux travailleurs agricoles de la région sont des migrants sans-papiers qui vivent dans des cabanes fabriquées avec des palettes, du contreplaqué, du plastique récupéré dans les serres (…) Ils n’ont ni électricité, ni sanitaires, ni eau potable ».





« De nombreux travailleurs agricoles de la région sont des migrants sans-papiers qui vivent dans des cabanes fabriquées avec des palettes, du contreplaqué, du plastique récupéré dans les serres (…) Ils n’ont ni électricité, ni sanitaires, ni eau potable ».

De nouveaux métiers à risque


Même les nouveaux métiers sont à risque. Toujours selon « euronews » ( 24 février 2021), le nombre de plateformes numériques a explosé depuis 10 ans. Et les conditions de travail sont mauvaises, du fait d’une main d’œuvre abondante et flexible. Les cadences sont souvent effrénées, les salaires faibles, les salariés sont surveillés électroniquement, … Dans le e-commerce, la multinationale Amazon est souvent montrée du doigt. « Aux États-Unis, le groupe assouplit les conditions de travail après un rapport accablant » souligne « lemonde.fr » du 2 juin 2021. « Amazon mesure la productivité des ouvriers chargés de trier, emballer et déplacer les colis (…) Cela cause un stress inutile, en ne laissant pas assez de temps pour aller aux toilettes par exemple ».



En France, le gouvernement et le patronat, influencés notamment par la pression médiatique, ont réagi aux mauvaises conditions de travail liées à l’intensification des tâches, afin d’améliorer la qualité du travail. Le harcèlement moral ou sexuel est désormais mieux pris en compte, de même que les risques psychosociaux ( burnout, dépression, suicide, …). Mais il n’est pas sûr que ces avancées puissent compenser un mouvement général de dégradation de la situation des travailleurs.







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