50 millions, c’est le nombre de personnes soumises à l’asservissement à travers le monde selon l’ONG Walk Free, organisation internationale de défense des droits humains. Le Global Slavery Index 2023 fait état des différentes formes d’esclavage moderne. À savoir : travail forcé, servitude pour dettes, mariage forcé ou servile, trafic humain ou encore la vente et l’exploitation d’enfants. Depuis 2016, presque 10 millions d’hommes et de femmes supplémentaires ont été réduit en esclavage. Principales causes : l’augmentation des conflits armés, la dégradation généralisée de l’environnement mais aussi nos habitudes de consommation.
Dix pays sont les plus concernés par l’esclavage moderne. En première ligne : la Corée du Nord, l’Érythrée, la Mauritanie et l’Arabie Saoudite. En Corée du Nord, 105 personnes sur 1000 seraient victimes de cette grave atteinte aux droits humains. La Turquie et la Russie figurent aussi dans le classement. En effet, plusieurs causes et facteurs peuvent être à l’origine de cette exploitation humaine. Bon nombre de ces pays sont confrontés à une instabilité politique, ou à un régime autoritaire. Des gouvernements imposent des travaux forcés à leurs citoyens, laissant peu de recours aux victimes. La multiplicité des conflits armés, l’instabilité politique ainsi que les catastrophes naturelles forcent les populations à se déplacer pour chercher refuge. Ces réfugiés privés de protection légale sont plus vulnérables à l’assujettissement. Et des États comme la Mauritanie perpétuent un long héritage d’esclavage et d’inégalités discriminant certaines minorités.
Les personnes les plus touchées par l’esclavage moderne restent les enfants, les migrants et les femmes, lesquelles représentent presque 50% des esclaves modernes recensés. En effet, les femmes et les filles sont plus affectées par le risque de mariage forcé. 68% des victimes s’avèrent être féminines. Les migrants, quant à eux, sont trois fois plus susceptibles d’être contraints au travail forcé que les personnes non-migrantes. Un peu partout dans le monde, le sentiment anti-immigration se renforçant, notamment en Europe, ils se trouvent confrontés à des dangers importants en fuyant leur pays. Les personnes appartenant à des groupes marginalisés en raison de leur ethnie, religion, genre, orientation sexuelle, etc. sont aussi exposées au risque d’être assujetties.
Notre impact sur l’esclavage moderne
Bien que peu de pays occidentaux soient concernés par l’esclavage moderne, nos sociétés consuméristes y contribuent considérablement. Il y a dix ans le Rana Plaza s’effondrait au Bengladesh, faisant 1100 morts. Ce bâtiment accueillait des ouvriers travaillant pour les marques H&M®, Zara® ou encore Primark®. Malgré la médiatisation de cet évènement tragique, nos habitudes de consommation n’ont toujours pas évolué, bien au contraire. En quinze ans, l’industrie textile a doublé de taille. Chaque année 56 millions de tonnes de vêtements sont vendus, avec une part toujours plus conséquente de fast fashion (renouvellement ultra-rapide des collections). Plusieurs ONG alertent depuis plusieurs années sur les conditions de travail dans les usines fournissant certaines marques de prêt-à-porter. C’est le cas du géant chinois Shein®, au sujet duquel certaines associations comme Public Eye ont dénoncé depuis plusieurs années le recours au travail forcé des Ouïghours, population de la région de Xinjiang victime de génocide opprimée par le régime chinois. En Europe en 2020, c’est l’association de défense des droits des travailleurs Labour Behind the Label qui dénonçait les conditions de travail déplorables chez certains fournisseurs du groupe d’habillement britannique Boohoo®. Ces derniers avaient recours à des pratiques abusives et illégales : locaux insalubres, salaires dérisoires ou non versés et temps de travail inhumain.
Le boycott comme arme citoyenne
Aux États-Unis en 2022, Joe Biden a signé un texte de loi qui interdit l’achat d’objets confectionnés dans la région du Xinjiang. L’union européenne La même année, l’eurodéputé Raphaël Glucksmann publiait sur Instagram une liste de plus de 70 marques « accusées de bénéficier du travail forcé » de la communauté ouïghour intitulée « liste de la honte ». Parmi les marques citées : Apple®, Bosch®, Google®, Nike®, Nintendo®, Volkswagen®, Zara® ou encore Victoria's Secret®. En fin d’année dernière, il appelait sur BFMTV à lutter contre le travail forcé des Ouïghours en bannissant les produits fabriqués dans ces conditions. Dernièrement, le Parlement européen a approuvé une proposition directive qui pourrait contraindre les multinationales à respecter les droits humains et environnementaux sur l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement mondiale. Les entreprises qui ne respecteront pas leurs obligations se verront imposées de lourdes amendes pouvant aller jusqu’à 5% de leur chiffre d’affaires net mondial. En refusant d’acheter des articles qui participent à ce système, nous pouvons en effet lutter contre l’esclavage moderne et prendre notre part de responsabilité.
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