Aujourd’hui, vendredi 26 juillet, c’était à Saint-Denis, en banlieue parisienne, à 9 h 30 et sous la pluie, que redémarrait la flamme olympique, après 17 000 km parcourus. Quoi qu’en disent les détracteurs de cette fête du sport certes très « marketing », où le « placement produit » et la vente de places à prix exorbitants, voire indécents, mettent à distance les plus modestes d’entre nous ; il n’en reste pas moins que les symboles véhiculés sont forts et que ces jours de compétition sportive, mais aussi de ferveur populaire, sont l’occasion de rappeler haut et fort que l’on peut vivre, malgré et avec nos différences, des moments de joie et de paix, tous ensemble.
L’occasion de rappeler haut et fort que l’on peut vivre, malgré et avec nos différences, des moments de joie et de paix, tous ensemble.
Que la flamme puisse ainsi passer de main en main, comme ce matin de la cheffe d’orchestre Zahia Ziouani, aux rappeurs MC Solaar et Snoop Dog en passant par notre Laetitia Casta internationale, à de purs inconnus ou encore par la doctoresse Gada Hatem qui a créé les Maisons des femmes, devant un public souriant, aux couleurs chamarrées et aux religions variées, doit nous inspirer et nous donner de l’espoir.
Ce soir, dans à peine quelques heures, il y aura la belle fête de lancement sur la Seine, retransmise sur les petits et grands écrans du monde entier. Profitons de l’instant qui nous est donné, malgré la pluie, les attaques terroristes, les guerres, les pandémies, les crises sociales et économiques, sans pour autant fermer les yeux sur les injustices de ce monde. Car choisir l’optimisme et la paix en cette période, n’est pas une marque de faiblesse ou de folie, bien au contraire. C’est une force contre celles et ceux qui veulent que la vague négative de la division et de la haine l’emporte. N’oublions jamais que le sport et les Jeux olympiques en particulier, ont toujours été l’occasion de relever des défis ou des têtes, de faire barrage aux obscurantismes et aux ennemis des droits humains et de faire changer le regard sur certains membres de nos sociétés malmenées.
Les JO ont ainsi permis, progressivement, année après année, décade après décade, parfois siècle après siècle, de participer à la lutte contre le racisme, contre le sexisme ou encore contre la discrimination liée au handicap.
Les JO ont ainsi permis, progressivement, année après année, décade après décade, parfois siècle après siècle, de participer à la lutte contre le racisme, contre le sexisme ou encore contre la discrimination liée au handicap. On se souviendra des exploits du noir américain Jesse Owens, quadruple médaillé d’or aux Jeux de Berlin en 1936, qui ruinera la démonstration, tant souhaitée d’un Hitler, de la supériorité des athlètes « aryens » sur les autres « races » et contribuera aussi au combat des noirs-américains pour être reconnus comme des citoyens à part entière dans une Amérique violente et ségrégationniste. On se souviendra encore des poings levés de Tommie Smith et John Carlos lors de la cérémonie de remise des médailles du 200 mètres, aux Jeux olympiques d’été de 1968. Et plus proche de nous, en cet été 2024, nous assistons aux premiers Jeux olympiques à parité parfaite entre les hommes et les femmes. Une première ! Un long chemin vient d’être parcouru depuis les premiers JO d'Athènes, en 1896, ouverts sans les femmes, le baron Pierre de Coubertin s'étant opposé à toute participation féminine, une « Olympiade femelle » étant selon lui « inintéressante » et « inesthétique ». Depuis leur première participation aux Jeux de 1900 à Paris, où sur un total de 997 athlètes, seules 22 femmes avaient pu concourir dans cinq sports jugés « compatibles avec la féminité » : le tennis, la voile, le croquet, l'équitation et le golf, il faudra attendre 2007, soit le XXIe siècle pour que la Charte olympique rende obligatoire « la présence des femmes dans tout sport » et cet été pour qu’autant de femmes que d’hommes participent au JO.
Quant aux personnes en situation de handicap, longtemps cachées, moquées, mésestimées et maltraitées, elles ont pu, par le sport et pour le sport, contribuer à changer le regard porté sur elles et diffuser, comme personne, un message d’inclusion, de solidarité, mais aussi de résilience utile à tous et à toutes, en situation de handicap ou non.
« Que d’amour, que de paix , que d’unité, que de respect. C’est ça les Jeux Olympiques, montrer de l’amour. »
Alors, oui, faisons le choix de l’optimisme et de la fraternité en ces Jeux olympiques 2024 dans la ville lumière, au pays des Lumières et des droits humains. Le même choix que celui du rappeur Snoop Dog porteur de la flamme aujourd’hui, qui lorsqu’il avait sorti son album Doggystyle en 1993, déclarait déjà à l’époque, en utilisant la voix du rap : « je vais essayer d’éliminer la violence des gangs ! » et « je veux promouvoir la paix, la positivité et l’amour », et qui aujourd’hui, au micro de France Télévision affirmait avec une émotion palpable « Que d’amour, que de paix , que d’unité, que de respect. C’est ça les Jeux Olympiques, montrer de l’amour. »
Michelle Jean-Baptiste
Présidente de l'association Humains en action
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